La division de la pandémie – Rendre les grandes entreprises encore plus puissantes

Pourquoi le choc pandémique de COVID-19 divisera encore plus le monde et pourquoi les grandes entreprises sont les grandes gagnantes

Le COVID-19 a provoqué ce qu’on appelle un choc pandémique. Cela aura plusieurs impacts sociaux, mais surtout économiques… des temps meilleurs pour la croissance des grandes entreprises ?

Alors que le monde regarde les nouvelles et attend la prochaine grande annonce sur la crise, nous connaissons tous un impact économique que nous n’avions jamais prévu. COVID-19 est et sera un grand défi pour la plupart des entreprises, mais ce sont surtout les grandes entreprises bien financées qui pourraient être les grandes gagnantes dans cette situation.

Mais pourquoi les grandes entreprises gagnent-elles, alors que les PME ratent ces opportunités ? Pour cela, nous devons également examiner le processus de la transformation numérique réussie. Alors que les petites entreprises s’efforcent d’optimiser leurs processus, de conserver leurs employés et de se battre pour obtenir un soutien public, la plupart des grandes entreprises disposent d’énormes réserves de liquidités. Ce déséquilibre entraînera une grande vague de faillites, mais aussi un pic dans les activités de fusions-acquisitions. 

Examinons d’abord la situation, pour comprendre ce qui se passe.

Les Top Dogs – Puissance et réserves d’argent pour la victoire

Les dernières années ont été bonnes pour de nombreuses entreprises. Apple dispose d’une réserve de liquidités de 210 milliards de dollars, ce qui est plus important que les plans de relance de la plupart des pays du monde. D’autres entreprises ont une si bonne cote de crédit qu’elles obtiennent de l’argent à un taux d’intérêt presque nul. Par exemple, Johnson & Johnson a une meilleure cote de crédit que l’État canadien.

Si ces réserves garantissent également que ces entreprises survivront à la crise, elles leur permettent aussi d’être prêtes à investir davantage, à prendre plus de parts de marché et aussi à accroître leurs activités de fusions-acquisitions, alors que d’autres doivent être en mode panique.

Cette répartition entre les entreprises riches et les entreprises plus faibles a également été observée lors de la dernière crise financière de 2008. Alors que les entreprises les plus riches ont vu le prix de leurs actions augmenter, celles du quartile inférieur ont perdu près de la moitié de leur valeur.

Lorsque l’on examine les réserves de trésorerie globales des entreprises (e.g. top 17 in S&P 500) par rapport à leur chiffre d’affaires réel, vous voyez alors une image très intéressante de la raison pour laquelle ces entreprises sont plus que prêtes à appliquer leur stratégie d’achat de concurrents et à tirer parti de la chute du cours des actions et de l’affaiblissement des concurrents.

Il n’est pas surprenant que les secteurs les mieux préparés soient ceux de la technologie et de la pharmacie. Elles disposent de stocks de liquidités et sont également capables d’agir rapidement car elles n’emploient pas beaucoup de cols bleus. Les modèles commerciaux numériques à forte croissance et la demande croissante de produits pharmaceutiques sont les clés de leur succès. Il n’est donc pas surprenant qu’Amazon ajoute plus de 100 000 travailleurs à son personnel pour faire face à l’essor du commerce électronique. Ce sont des secteurs comme le voyage, l’événementiel et la gastronomie qui sont les plus touchés. Ces secteurs pourraient laisser de nombreuses lacunes que les grandes entreprises vont combler. (Google, Amazon, etc. ont voulu pénétrer certains de ces marchés pendant des années)

Les PME sont moins résistantes – La pandémie révèle leurs faiblesses

En examinant non seulement la situation générale des liquidités, mais aussi d’autres aspects, nous découvrons pourquoi la plupart des entreprises sont en difficulté à l’heure actuelle. La plupart des petites entreprises n’ont pas pu tirer pleinement parti des avantages des nouveaux modèles d’entreprise, des processus plus efficaces (par exemple, numérisation, RPA, etc.) ou des mécanismes financiers utilisés par les grandes entreprises pour mobiliser des capitaux.

Cette crise va révéler les faiblesses de leurs structures, de leurs modèles d’entreprise et aussi de leurs modèles de fonctionnement. En particulier les entreprises qui ont manqué une grande partie de l’ère numérique, vont maintenant avoir du mal à suivre les marchés oligopolistiques qui se consolident de plus en plus. Les effets de réseau sont cruciaux pour les entreprises à l’ère numérique et ce n’est certainement pas quelque chose de facile à réaliser. La situation prend une autre tournure : le simple fait de passer du « bureau normal » au bureau à domicile est une grande difficulté pour la plupart des petites entreprises car l’infrastructure, la sécurité, les outils, etc. ne sont pas en place pour y faire face.

Les temps sont durs pour les start-ups

Si les petites entreprises peuvent toujours demander une aide gouvernementale et disposer d’une certaine marge de manœuvre dans leur bilan, les jeunes pousses manquent généralement de ces qualités. Pour la plupart des jeunes entreprises, ce sera la fin de leur parcours entrepreneurial. Dans ce cas précis, on peut également observer une forte augmentation des acquisitions de grandes entreprises dans de nombreux domaines, car les jeunes pousses sont potentiellement plus disposées à vendre rapidement (avant de faire défaut) ou les prix des entreprises chutent soudainement, de sorte qu’une acquisition est plus facile à financer.

En outre, en période de forte incertitude et de faible demande, de nombreux entrepreneurs attendent avec leurs idées. Ainsi, l’activité globale d’innovation des jeunes entreprises sera plus réduite et moins risquée que dans un environnement stable. Cela donne aux grandes entreprises un avantage supplémentaire pour étendre leur position sur le marché en devançant leurs concurrents et les jeunes pousses.

La pression des gouvernements se fera sentir

La sauvegarde de l’emploi sera l’une des principales priorités des gouvernements pour éviter un effondrement total du système. L’augmentation de la dette publique et l’incertitude quant à la durée de cet impact économique mettront de nombreuses entreprises sous pression. C’est surtout lorsque les grandes entreprises qui ont beaucoup d’emplois sont en difficulté que les gouvernements autorisent des fusions et des acquisitions qui n’étaient normalement pas possibles en raison des problèmes d’antitrust sur le marché. Lorsque ces limites tombent, nous voyons potentiellement apparaître de nouveaux géants de l’industrie et des situations de monopole résultant de ce ralentissement économique.

Et comme la plus grande partie de la relance économique provient des ministères des entreprises, cela ajoutera une pression supplémentaire sur les entreprises dont les finances ne sont pas aussi stables et dont les bilans sont déjà mauvais. En particulier si le cash-flow était déjà faible pour les entreprises auparavant, ce département peut mettre en danger l’ensemble de l’entreprise. De faibles marges combinées à des remboursements élevés peuvent constituer une combinaison potentiellement dangereuse.

Le verdict ?

La résilience des meilleures entreprises face à cette crise sera un facteur important de croissance pour la plupart d’entre elles. Le coût du capital est moins élevé, les marges sont plus élevées lorsque les concurrents échouent, elles gagnent plus de confiance auprès de leurs fournisseurs (le risque de faillite est plus faible – les prix d’approvisionnement baissent donc) et elles disposent de suffisamment de liquidités pour investir tandis que d’autres doivent conserver ou même céder.  

Mais tout ne va pas se dérouler selon la « méthode du grand manitou ». La pression sociale et les problèmes d’inégalité se font déjà sentir. La pression sociale augmentera également. Les inquiétudes à l’égard de ces géants de l’industrie alimentent les mouvements des médias sociaux et conduisent finalement aussi à un changement de comportement des consommateurs. Les grandes entreprises auront peut-être plus de mal à tirer pleinement parti de cette crise, mais l’évaluation finale ne pourra être faite qu’après la disparition du virus et quelques années de fonctionnement normal.

COVID-19 aura une grande capacité à changer des aspects clés de notre vie sociale, du développement économique mais aura aussi un grand impact sur les structures des entreprises mondiales.

Benjamin Talin, a serial entrepreneur since the age of 13, is the founder and CEO of MoreThanDigital, a global initiative providing access to topics of the future. As an influential keynote speaker, he shares insights on innovation, leadership, and entrepreneurship, and has advised governments, EU commissions, and ministries on education, innovation, economic development, and digitalization. With over 400 publications, 200 international keynotes, and numerous awards, Benjamin is dedicated to changing the status quo through technology and innovation. #bethechange Stay tuned for MoreThanDigital Insights - Coming soon!

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